Une mauvaise alimentation peut être la source de nombreux maux. Dans nos sociétés modernes, elle est souvent à l’origine d’une acidification de l’organisme
qui fait le lit de nombreux troubles. Valérie Vidal, naturopathe*, a fait de la lutte contre l’acidose son cheval de bataille.
P.d.S. L’alimentation tient une place importante en naturopathie et elle l’est encore plus dans votre pratique, pourquoi ?
Valérie Vidal : On m’a un peu poussée à donner des cours de cuisine dans la Biocoop où je travaillais parallèlement à mes études de naturopathie. J’ai découvert que
beaucoup de gens avaient des difficultés avec leur alimentation : réussir à trouver du temps pour cuisiner tout en travaillant, à composer avec les résistances du mari ou
des enfants, savoir équilibrer les repas, gérer les compulsions… Répondre au mieux à leurs questions, tant sur les aspects nutritionnels que sur les composantes psychologiques, a été
un vrai moteur pour moi. De là a grandi mon envie d’accompagner les changements alimentaires individuellement en intégrant l’individualité, la singularité et la globalité de
chacun.
P.d.S. L’alimentation bio est-elle, à votre avis, obligatoire pour avoir une bonne santé ?
V.V. Consommer des produits bio exempts de résidus et d’additifs chimiques est pour moi un critère important, mais il est loin d’être le seul. Il est possible de manger bio
et de reproduire les erreurs nutritionnelles classiques : excès de protéines animales et de laitages, insuffisance de fruits et de légumes frais, d’aliments crus, de légumineuses,
de fruits oléagineux, excès de produits transformés et notamment de produits raffinés, sucrés, etc. Une alimentation qui rime avec santé est riche en fruits et légumes de saison
frais, privilégie les produits complets, alterne les protéines végétales et animales, apporte les acides gras essentiels, intègre des modes de cuisson respectueux…
P.d.S. Vous vous êtes intéressée aussi au soja, qui a fait l’objet de votre premier livre. Une plante pourtant très controversée.
V.V. Je suis de nature un peu provocatrice et je me suis donc facilement laissée tenter par l’écriture d’un livre sur le soja au moment où certains le
montraient du doigt presque comme une plante diabolique… La campagne de dénigrement du soja menée depuis quelques années véhicule beaucoup d’erreurs et de
généralisations abusives. J’ai voulu rendre justice à cette plante dont l’intérêt nutritionnel est certain.
P.d.S. Quels bénéfices peut-on attendre de sa consommation ?
V.V. La consommation de produits dérivés du soja permet d’équilibrer le rapport entre protéines animales et protéines végétales dans l’alimentation.
Le soja est par ailleurs pauvre en graisses saturées, en cholestérol, riche en fibres et graisses polyinsaturées dont les fameux oméga 3, il possède des propriétés
antioxydantes importantes : c’est la composante idéale pour la protection cardiovasculaire.
Naturellement exemptes de lactose et de gluten, les préparations à base de soja offrent des alternatives aux individus allergiques à ces composants (ou aux protéines du lait de vache) ou
qui souhaitent les éliminer de leur alimentation pour d’autres raisons. Cela me paraît suffisant pour en recommander la consommation.
P.d.S. Les hommes et les femmes en tirent-ils les mêmes bénéfices ?
V.V. Des études épidémiologiques, notamment sur les Asiatiques, ont mis en relation la consommation de soja et la diminution de certains
cancers et en particulier des plus courants, cancer du sein et cancer de la prostate.
Chez la femme, des effets bénéfiques sur les conséquences de la ménopause ont été observés : diminution des bouffées de chaleur et amélioration de l’ostéoporose.
Des effets qui semblent varier d’un sujet à l’autre, selon la biodisponibilité des isoflavones, liée à la particularité de la flore intestinale de chacun.
P.d.S. Votre dernier livre porte cette fois sur l’équilibre acido-basique. Pourquoi est-ce si important pour la santé ?
V.V. L’équilibre acido-basique est fondamental pour optimiser sa forme, préserver ou améliorer sa santé en considérant le terrain biologique.
L’acidification de l’organisme a des conséquences à l’origine de nombreux troubles : inflammation et douleurs, ralentissement métabolique, déminéralisation, état de stress…
P.d.S. Qu’est-ce qui produit ces excès d’acidité dans l’organisme ?
V.V. Pour schématiser, disons qu’il y a d’une part une production excessive d’acides par l’organisme, d’autre part une élimination insuffisante. Sont
en cause, l’alimentation moderne (trop riche en aliments acidifiants, trop pauvre en aliments alcalinisant,
trop raffinée, trop cuite, etc.) mais aussi le stress, l’insuffisance de boisson, d’oxygénation et d’exercice physique.
P.d.S. L’ensemble de la population serait donc aujourd’hui en acidose (excès d’acide dans l’organisme). Quelles maladies cela peut-il produire ?
V.V. De nombreux symptômes sont liés à un excès d’acide dans l’organisme. Parmi les plus courants, citons : une fatigue chronique, surtout le matin, une tendance aux
infections (rhinites, sinusites, otites, bronchites…), à la frilosité, à la nervosité, à l’irritabilité, à l’hyperémotivité, une peau sèche, des démangeaisons cutanées, les ongles cassants,
les dents déchaussées, la colite, des crampes, des douleurs articulaires, l’ostéoporose, des calculs biliaires et rénaux…
P.d.S. Comment peut-on éliminer ces acides ?
V.V. La première mesure consiste à corriger les causes individuelles d’acidification pour arrêter les dégâts et permettre à l’organisme de se régénérer, de se
rééquilibrer. Le plus souvent il est nécessaire d’établir un meilleur équilibre entre l’apport d’aliments acidifiants et l’apport d’aliments alcalinisants, mais aussi de
mettre en place un programme de gestion du stress, un exercice physique et une oxygénation réguliers. Parallèlement, il faut aider l’organisme à mieux éliminer les
acides au fur et à mesure et à évacuer ceux qui se sont accumulés dans les tissus au fil des années. Toutes les techniques qui favorisent les éliminations (monodiètes d’aliments
alcalins, cures de jus de légumes, sauna, bain hyperthermique, bol d’air Jacquier, respiration abdominale, etc.) sont bienvenues. Des plantes peuvent soutenir l’élimination
rénale, par exemple les infusions de feuille de cassis, de bouleau, d’ortie, les décoctions de queue de cerises, d’aubier de tilleul, de baies de genièvre, les macérats glycérinés
de genévrier, de bouleau… Les compléments riches en minéraux et oligo-éléments en particulier le plasma marin Quinton, la spiruline, la chlorella, l’algue Klamath, le jus
d’aloé vera sont aussi de bons correcteurs des terrains acidifiés et déminéralisés.
P.d.S. Des aliments seraient alcalins pour certaines personnes et acides pour d’autres. Comment l’expliquez-vous ? Et comment le savoir ?
V.V. Certains aliments au goût acide, comme le citron par exemple, contiennent d’une part des citrates ou bicarbonates, bases alcalines capables de neutraliser les acides
dans l’organisme et de faciliter leur élimination et d’autre part des acides organiques. Les personnes qui possèdent un métabolisme correct éliminent les acides organiques par voie
pulmonaire et bénéficient des bases alcalines, tandis que d’autres ont des difficultés à métaboliser les acides organiques, ces derniers vont alors s’accumuler et
contribuer à l’acidose générale. Nos organismes n’ont pas tous la même capacité d’adaptation face aux acides organiques présents dans les aliments acides. Certains facteurs
génétiques donnent un potentiel plus faible à certains d’entre nous. Mais cette faiblesse peut être entretenue ou aggravée par le mode de vie : alimentation carencée, manque d’oxygénation,
d’activité physique…
Les personnes qui présentent une faiblesse métabolique face aux acides, souffrent généralement de symptômes courants de l’acidose chronique (nervosité, frilosité, fatigue,
démangeaisons, spasmes et douleurs abdominales, douleurs articulaires, brûlures oculaires et urinaires…). J’ai constaté que, chez ces personnes, le seul fait de suggérer de boire un grand
verre de jus de citron, génère une grimace !
P.d.S. Vous insistez sur la chronobiologie. Pouvez-vous expliquer en quoi cela consiste et pourquoi c’est si important ?
V.V. La chronobiologie consiste à adapter notre alimentation aux rythmes biologiques et métaboliques de notre organisme. En pratique, lorsque
l’organisme est acidifié, il est préférable d’éviter de consommer les aliments acides le matin et, lorsqu’il fait froid, les aliments acidifiants le soir. La première règle est
surtout valable pour les personnes affaiblies ou présentant une faiblesse métabolique. En effet, le métabolisme est, de manière générale, plus lent le matin et par temps froid. La
consommation d’aliments acidifiants le soir perturbe la bonne élimination des acides par le rein durant la nuit. C’est durant la nuit que le mésenchyme restitue les molécules
acides qu’il a stockées durant la journée, pour qu’elles soient éliminées par le rein. Cela se fera d’autant mieux que le repas du soir sera léger, pris le plus tôt possible et peu
acidifiant.
* Valérie Vidal est praticienne de santé naturopathe formée au CENATHO. De nombreux stages sont venus compléter sa formation initiale, en particulier dans les domaines du
développement personnel, de la nutrition et de la micronutrition. Aujourd’hui, son activité s’articule autour de consultations individuelles, d’animation d’ateliers pour particuliers et
pour entreprises, de journées de formation professionnelle.
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